Noriap, l’évident partenaire d’Ynsect

Lorsque les fondateurs d’Ynsect ont annoncé leur intention de construire la plus grande ferme verticale de production d’insectes du monde à Poulainville, près d’Amiens, au cœur de la zone de production de Noriap, la coopérative s’y est forcément intéressée. Implantée à 4 km de la future usine avec son site d’Argœuves, et à 12 km avec son silo de 60 000 t de Saleux, la coop de la Somme et de Seine-Maritime a rapidement fait le choix d’accompagner la start-up dans ce projet de grande envergure qui a mobilisé un investissement de 15 M€. Un partenariat a été mis en place en plusieurs étapes. Il porte sur trois points : la supply chain, l’approvisionnement en céréales et la plantation de 1 700 km de haies.

Un apport d’expertise en logistique

« Nous avons commencé par apporter aux équipes d’Ynsect notre expertise sur le plan logistique et supply chain, pointe Jean-François Gaffet, président de Noriap. Nous sommes aussi très bien placés pour fournir cette future usine. » Implantée sur 18 ha, dont 5 ha couverts, et sur une hauteur de 36 m, elle va produire dans un premier temps 100 000 t de protéines et d’huile. Les larves de scarabées Molitor qui vont être produites consomment des matières premières, et en particulier des céréales. « Sur un approvisionnement de 150 000 t/an, les insectes vont consommer 20 000 t de blé et 100 000 t de coproduits des industries céréalières, notamment du son », résume le président. D’autres OS ou industriels, comme Soufflet, pourraient aussi fournir l’usine.

Séquestrer du carbonne

Comme Ynsect a la volonté de réduire significativement ses émissions de carbone, il a lancé, avec la société Pur Projet et l’association Des enfants et des arbres, le programme Terrha 2040 auquel Noriap est aussi associé. Les différents partenaires s’engagent à planter, d’ici à 2040, 1 700 km de haies, soit 1,8 million d’arbres, chez 1 100 agriculteurs adhérents. Ce programme devrait permettre de séquestrer, en 18 ans, 190 000 t de CO₂.

Le partenariat entre Noriap et Ynsect pourrait porter sur d’autres volets. Les déjections des insectes pourraient aussi retourner dans les parcelles des agriculteurs sous forme d’engrais. Dans un premier temps, les protéines et huiles produites sur le site vont être utilisées en aquaculture et pour l’alimentation des chats et des chiens. L’ouverture récente des aliments à base d’insectes pour les monogastriques, offre des perspectives sur le marché de l’alimentation des porcs et des volailles. Ce qui pourrait aussi intéresser les filières élevage de la coopérative.

Blandine Cailliez